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Chroniques photographiques

Les diptyques sont comme des histoires courtes, des cadavres exquis personnels.

Je considère ces images tels des correspondances, des errances, des liens certains.

Ces compositions représentent mon intimité, mon petit monde, mes questionnements sur la couleurs, sur les formes, sur la vie de tous les jours. Constats. Mes diptyques sollicitent la personne qui les regarde, chacun peut alors s’imaginer des histoires, se projeter dedans dehors. Elles sont liées, blanches (2 temps), deux temps mouvements, pour deux images fixes.

 

Les paysages : Alors je rêve / Dès que je fais quelques kilomètres / Je regarde les paysages défiler / Je récents l’espace / Je pense à la peinture / Des paysages qui me traversent / Des paysages qui me transpercent / Moments qui laissent filer le temps / Partir non loin / Sur les routes / Me bercent aussi / Un temps infini / Presque gracieux / Hypnose parfois / Hypnotique / Errance : qui ne fixe pas, qui / S’égare / Ne pas savoir où aller / Pas d’autre essai / Impression d’espace /Acte photographique / Moment court / Réel si éphémère  / Terre, arbres, ciel, lumière / Sténopé / Hasard / Graphisme / Cadre / Format / Lignes / Passages /Tableaux

Je suis en mouvement face à ces  référents que sont les paysages. Des territoires non construits, non urbanisés, presque sauvages.

Affinités par Luc Desmarquest, Historien d’Arts

Dans l’œuvre de Marie-Céline Nevoux-Valognes certaines photographies jouissent d’un statut particulier, ce sont des célibataires. Leur destin est de rester en attente dans ses cartons jusqu’au jour où la photographe se trouve en présence d’une scène ou d’une vue qui s’impose avec la force de l’évidence comme l’âme sœur d’un cliché célibataire. Une image en appelle une autre, l’opératrice les réunit.


Marie-Céline parle de diptyque.

En grec, « diptukos » veut dire « deux plis ». Les œuvres en deux parties abondent dans l’art occidental du Moyen-Age à l’Art Moderne, mais la démarche de l’artiste frappe par sa singularité.

 

En effet dans certaines œuvres elle cherche à rendre invisible ces « deux plis », à réaliser une fusion. La surimpression de deux négatifs est connue depuis les débuts de la photographie mais Marie-Céline ne reprend pas ce procédé que la technologie moderne rend encore plus facile, elle juxtapose simplement deux images. Cet assemblage apparemment très banal est en réalité très difficile car la compatibilité est rare. La fluidité spatiale doit permettre aux deux photographies de former un continuum, de prouver que 2 = 1.


D’autres associations sont plus proches du diptyque dans la mesure où l’artiste forme un couple d’images sans chercher à rendre invisible la réunion de deux clichés. Quelles affinités sont requises pour que les images se parlent et que l’appariement fonctionne ? Son but n’est pas de choquer à la manière de certains collages dadaïstes ou surréalistes, de faire la satire de la société ni de susciter un sentiment d’absurde. Son travail est une quête des complémentarités fondée sur l’harmonie ou sur le contrepoint. Peut-on trouver des rimes plastiques comme il y a des rimes poétiques ? Dans tous les cas est posée la question de la compatibilité de plusieurs images entre elles.


Sa recherche n’est pas sans parenté avec certains tableaux de Magritte où les nuages entrent dans l’appartement par la fenêtre ouverte, où la question spatiale est centrale. Libres comme les rêves, les espaces ne connaissent ni les lois de la perspective ni celles de la physique, et le regardeur glisse d’un extérieur à un intérieur, ne sait plus très bien dans quel monde il se trouve. La poésie n’est pas absente de cette désorientation.


Marie-Céline affirme raconter des histoires qu’elle appelle « Chroniques photographiques ». En fait, elle se raconte des histoires mais celles-ci, à la différence des diptyques du passé, ne sont pas explicites pour le regardeur. Peu importe, celui-ci inventera les siennes car l’artiste a le talent de nous faire rêver.


Marie-Céline Nevoux-Valognes n’est pas seulement une « marieuse », elle nous fait réfléchir à la nature de la photographie et pose des questions fondamentales sur l’unicité de l’image. Quelles affinités permettent de réunir plusieurs photographies pour former une œuvre unique ? 

 

Luc Desmarquest
 

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